"Cogulet (Coguiolet, Coguioleto en latin)
Une modeste église et son presbytère plus modeste encore composent tout Cogulet, qu'on ne découvre qu'en cherchant bien, de même que s'il s’agissait d'une épingle perdue. Je ne connais pas en vérité de position plus cachée que la sienne. Son emplacement fait présumer que l'époque de sa fondation tenait un peu de celle où les chrétiens, traqués de toute part à l'égal des bêtes fauves, ne pouvaient offrir l'encens de leur prière au très-haut que dans les cryptes et les Catacombes. Cependant ne plaignez pas trop les deux hommes qu'une vocation sainte fixe pour la vie en cet endroit : la solitude a des douceurs et ses paisibles plaisirs valent mieux que le fracas du monde. D'ailleurs celle dont je vous parle n'est pas de ces solitudes qui impriment je ne sais quel air triste et funeste : là murmure doucement à l'oreille le petit ruisseau de la Fous; là, ramagent, du matin au soir, durant de longs mois, la fauvette et le rossignol, le pinson et le chardonneret, aux concerts desquels se mêlent par intervalles la grive et le merle, le coucou timide et le gentil roitelet; là, les soins d’un jardin à plantes variées sont une source d'ineffables jouissances; là, d'innocentes réunions fraternelles, auxquelles le lièvre savoureux et la chapon de pailler, bien préférable à celui du Mans, ne font pas toujours défaut, et où règne infailliblement, quelle que soit la fortune du pot, la plus franche cordialité; là enfin les suaves consolations de l'apostolat s'exerçant au milieu d'un troupeau fidèle, plein d'affection et de prévenances pour ces dignes pasteurs.
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